Martigues réduit sa consommation d’eau grâce à l’arrosage connecté
Entre 2022 et 2023, la commune de Martigues a expérimenté plusieurs systèmes d’arrosage connecté, afin de diminuer sa consommation en eau. Une réduction de 40 à 50 % a été constatée en « arrosant au plus juste ». Une solution a été retenue pour être généralisée sur l’ensemble du territoire. Une première en France.
Entretien avec Sylvain Chauvet, Chargé du Développement de la Ville Connectée à Martigues
Ce projet est présenté par :
- Sylvain Chauvet, Chargé du Développement de la Ville Connectée à Martigues
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets numériques, data et IA sur votre territoire, aquagir part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Pour préserver la ressource en eau, dans un contexte de sécheresses récurrentes, la commune de Martigues (Bouches-du-Rhône) a testé pendant un an plusieurs systèmes d’arrosage connecté. Résultat : une réduction de 40 à 50 % de la consommation d’eau, en arrosant « au plus juste » et même en détectant une fuite conséquente. La collectivité est aujourd’hui en train de déployer la solution sur l’ensemble de son territoire. Un projet unique en France qui sera bouclé en 2025.
Comment le projet d’arrosage connecté s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Notre territoire est régulièrement touché par des épisodes de sécheresse. La ville a donc fait de la préservation de la ressource en eau un enjeu stratégique majeur. Dans cette optique, le Conseil Municipal a voté en septembre 2021 deux délibérations portant sur la réduction des consommations de la ville en eau. Un des objectifs, à l’époque, était de pouvoir faire face aux restrictions potentielles sur l’usage de l’eau. Cela s’est traduit par plusieurs projets, dont l’expérimentation pendant un an de solutions d’arrosage connecté.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Nous nous sommes notamment inspirés de ce qui avait été fait à Marseille, qui a testé plusieurs solutions de ce type pour optimiser l’arrosage de ses espaces verts.
Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?
Nous n’avons pas réalisé d’étude de faisabilité. Cette expérimentation était justement l’occasion de tester les solutions et d’en mesurer l’impact selon le principe du POC (proof of concept). À partir de septembre 2022, et jusqu’en septembre 2023, nous avons donc testé deux solutions reposant sur le même principe : connecter les systèmes d’arrosage automatique à une plateforme numérique, qui va les piloter à distance en fonction de différentes données de contexte, principalement agronomiques.
Concrètement : des sondes sont installées au niveau des racines des végétaux (gazon, fleurs, arbres et arbustes) afin de mesurer l’humidité du sol. Le taux relevé est envoyé à la plateforme informatique qui détermine s’il faut arroser et en quelle quantité. La ville fixe elle-même les seuils de déclenchement de cet arrosage.
La plateforme fonctionne de manière autonome, mais elle dispose également de tableaux de bord et autres fonctionnalités de supervision, qui permettent de suivre en temps réel son fonctionnement, tout en accumulant des données statistiques capables d’alimenter la stratégie de gestion de l’eau du territoire.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Il est nécessaire de disposer d’un minimum de compétences en télécommunication et en numérique, mais sans pour autant être un expert. Pour transmettre les données des sondes à la plateforme, nous nous sommes appuyés sur notre propre réseau LoRaWan, déployé depuis 2021. Il se veut multi-usage et nous l’utilisons aussi pour l’optimisation de notre éclairage public, via un pilotage à l’armoire. Cette volonté de mutualiser avec notre propre réseau a écarté une des deux solutions testées, qui fonctionnait sur le réseau de communication du fournisseur. Au final, c’est la solution de la société Greencityzen, déployée aussi à Marseille et à Toulouse, qui a été retenue.
Durant l’expérimentation, nous avons largement fait appel aux compétences du service des Espaces verts, le responsable de l’arrosage a été un élément particulièrement important dans l’évolution du projet. La direction des sports a également été impliquée, car elle a en charge les espaces verts des infrastructures sportives. Enfin, les équipes en charge de la ville connectée, notamment la direction informatique, ont été au cœur du projet. Nous avons chacun profité de l’expérience et du savoir-faire des autres.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens ?
Sur les 280 zones d’arrosage du territoire, nous avons choisi quatre zones de test, dont les nombreux espaces verts autour de l’hôtel de ville. Il s’agissait de zones représentatives, avec notamment des parcs, des jardinières de fleurs, etc. Aujourd’hui, nous passons à l’échelle. La suite du projet est de déployer la solution sur l’ensemble de ses espaces verts. Elle a déjà été installée dans 40 zones d’arrosage avec l’objectif d’atteindre les 70 d’ici la fin de l’année. En 2025, la solution devrait être déployée sur les 210 zones restantes du territoire. Cette couverture généralisée de l’arrosage connecté sur un territoire serait une première en France.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Le budget s’élève à 960 000 euros, incluant la phase test et la récente généralisation de la solution. Nous avons cependant bénéficié d’une aide de l’Agence de l’eau à hauteur de 50 % de ce budget.
Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné Martigues dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Il n’y a pas eu d’autres acteurs impliqués, même si nous avons échangé avec la ville de Marseille.
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Le projet en détails
Dates clés
2021
2021/2025
2022/2023
2022/2025
Chiffres clés
960 000
40 - 50 %
50%
À retenir
L’expérimentation a permis d’aborder l’arrosage des espaces verts d’une nouvelle manière. Auparavant, il s’agissait d’un arrosage empirique, avec des jours et des plages horaires programmées selon les estimations des années passées. Par exemple, le gazon était arrosé trois fois par semaine, durant 20 minutes. Ceci toute l’année, sauf en hiver. Avec l’arrosage connecté, l’approche est différente, car il tient compte du taux d’humidité en temps réel, et au niveau de la plante. Cela est donc plus précis et prend en compte l’évolution du contexte hydrique et climatique. D’où le choix de tester la technologie pendant un an, afin de couvrir les différentes saisons.
La réduction de la consommation en eau a été au rendez-vous. Elle a même atteint 40 à 50 %. Un résultat obtenu en arrosant « au plus juste », mais aussi en détectant une fuite, grâce à un compteur connecté installé à l’hôtel de ville. Il y avait une consommation d’eau importante (500 litres à l’heure), alors que le système d’arrosage était éteint. Il s’agissait d’une fuite équivalente à deux piscines olympiques par an causée par un raccord d’arrosage mal vissé. Ce fut une surprise car il ne s’agissait pas d’un système identifié comme pouvant présenter un risque de fuite.
Le coût de ces solutions n’est pas neutre et il faut l’anticiper. Avec l’aide de l’Agence de l’eau, nous estimons cependant que le ROI (retour sur investissement) de la solution devrait être rapide, probablement de moins de trois ans.
En savoir plus sur la commune de Martigues
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