Territoires Intelligents et Durables : par quoi commencer ? L’exemple de Joigny (89)
La commune de Joigny, commune de 9300 habitants située dans le département de l’Yonne, fait partie des six territoires retenus dans le cadre du projet DataBFC TID. L’objectif ? Concevoir, tester et déployer des outils numériques au service de la transition écologique.




Entretien avec Éric APFFEL

Ce projet est présenté par :
- Éric APFFEL, Conseiller municipal délégué en charge de la mobilité douce et du numérique de la ville de Joigny
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets numériques, data et IA sur votre territoire, Numérique360 part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Fréquentation du centre-ville, analyse des flux d’accès à la déchetterie, éclairage intelligent ou encore gestion des grands équipements ; ces exemples de cas d’usage font partie des 23 proposés et pilotés par la Région Bourgogne-Franche-Comté dans le cadre du projet DataBFC TID. Ce dernier rassemble six territoires d’expérimentation : Louhans, Châteauneuf, Lure, Pays de Montbéliard Agglomération, Grand Belfort Communauté d’Agglomération ainsi que la commune de Joigny, dont le projet illustre parfaitement le démarrage d’un projet smart city par une commune de moins de 10 000 habitants. Explications.
En quoi consiste concrètement votre projet et quels en sont les principaux objectifs ?
Le projet DataBFC TID, auquel participe Joigny, vise à transformer la ville en « ville intelligente » grâce à des technologies numériques, à la collecte et à la valorisation des données. Son objectif principal est d’améliorer la gestion de la mobilité, de réduire l’impact environnemental et d’optimiser les services publics. Cela se fait par l’installation de capteurs pour mesurer par exemple les flux de voitures, de piétons, et la pollution.
Comment DataBFC TID s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Le maire de Joigny, Nicolas Soret, a depuis longtemps cette conviction : “On ne peut pas travailler dans une ville sans données”. Et même si nous sommes une ville de moins de 10 000 habitants, nous aspirons à faire de notre collectivité une “ville intelligente”. J’entends par là rendre un meilleur service à nos concitoyens et prendre notre part pour réduire l’impact sur le changement climatique. Dans ce cadre-là, je me suis rapproché de l’Agence Régionale du Numérique et de l’intelligence artificielle (ARNia), le bras armé de la région pour le numérique. Lorsque le projet DataBFC TID a pris forme, nous nous sommes positionnés, car certains cas d’usage que nous avions imaginés correspondaient au catalogue proposé.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
La force du projet DataBFC TID, c’est de rassembler autour de l’ARNia, six territoires pilotes. Plusieurs visioconférences sont proposées chaque mois pour nous permettre d’échanger sur des usages qui nous paraissent opportuns pour notre propre collectivité. Par ailleurs, nous sommes également allés voir un lieu très avancé sur l’implantation de capteurs. Il s’agit de Châteauneuf-en-Auxois. C’est un petit village très touristique avec un château. L’affluence peut provoquer des problèmes de circulation et de gestion des parkings.
Quelles furent les phases préparatoires du projet ?
Ce projet s’étale sur trois ans. Nous arrivons au terme de la première année, qui a été consacrée à la mise en place des cas d’usage grâce à de nombreux échanges entre l’Agence Régionale et notre collectivité, à l’analyse de nos besoins et à la réflexion sur la façon d’y répondre avec les capteurs Upciti et les données.
Aux cas d’usage identifiés par l’ARNia, nous avons pu ajouter ceux auxquels nous avions pensé et qui nous semblaient prioritaires. L’originalité de Joigny, c’est que nous voulons obtenir des données corrélées et objectives sur ce qui se passe aux sorties d’école en termes de flux de voitures et de pollution atmosphérique. C’est pourquoi nous allons combiner des capteurs d’Upciti, qui suivent les flux de déplacements, avec des capteurs ATMO, qui mesurent la pollution. Un autre enjeu est de mieux comprendre la mobilité entre villages. Ainsi, certains capteurs ont été installés dans l’intercommunalité afin d’analyser les flux de véhicules sur les axes majeurs et de vélos sur une véloroute.
Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Pour se lancer dans ce projet, il est essentiel de maîtriser plusieurs compétences clés. Tout d’abord, une bonne connaissance des plateformes open source est indispensable, car le projet repose sur la création et le développement d’un outil open source par l’Agence Régionale du Numérique et de l’Intelligence Artificielle. Ensuite, la gestion des données est un aspect central, incluant leur collecte, traitement, sécurisation et valorisation, tout en assurant leur interopérabilité pour qu’elles puissent être combinées et exploitées quelle que soit leur source.
Mais DataBFC TID, ce n’est pas seulement une installation de capteurs. Le coeur du projet, c’est surtout la création et l’amélioration d’une plateforme. Aussi, une compréhension approfondie des cas d’usage tels que la mobilité, la transition écologique ou encore la relation citoyenne est également nécessaire pour être force de proposition. Selon la précision de nos retours et de nos attentes, cette plateforme pourra s’adapter aux besoins des collectivités et des utilisateurs.
L’un des enjeux de DataBFC TID sera par ailleurs de garantir l’interopérabilité des données, ce qui nécessite des compétences en structuration et en normalisation, permettant par exemple de combiner des données issues de billetteries, de la météo ou de la SNCF. Enfin, il faut veiller à conserver la maîtrise de ses outils, avec la capacité de les modifier à terme, ce qui suppose une expertise technique et une collaboration étroite avec ces acteurs.
Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet ?
L’accompagnement d’Upciti a été très important. Un de nos sujets de préoccupation, lors de la phase de diagnostic et de planification, a été d’évaluer notre capacité à installer les capteurs dans tous les emplacements prévus. Nous avons échangé avec l’entreprise qui a pu optimiser leur positionnement et leur nombre en fonction des cas d’usage identifiés, comme l’analyse des flux piétons dans une rue commerçante en pente pour étudier leur impact sur l’activité économique. En définitive, 84 capteurs ont été déployés à Joigny fin 2024.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?
Concrètement, l’achat et le déploiement de ces capteurs ne nous coûtent rien. En effet, nous avons répondu aux sollicitations de l’ARNiA qui cherchait des collectivités pilotes pour lancer le projet DataBFC TID. Celui-ci est lauréat de l’appel à projets « Territoires Intelligents et Durables » du plan d’investissements France 2030, opéré par la Banque des Territoires pour le compte de l’Etat. A ce titre, le projet bénéficie de 2,3 millions d’euros de subvention France 2030 sur un montant total de 5,9 millions d’euros.
Les citoyens participent-ils à la co-construction du projet ?
Même si l’implication des habitants dans l’utilisation des données collectées est à nos yeux primordiale pour maximiser l’impact du projet sur le quotidien, nous ne pouvons pas parler à ce stade de co-construction.
Bien évidemment, nous avons communiqué en amont du projet et répondu aux rares inquiétudes qui ont pu se faire entendre.
Les citoyens joueront concrètement un rôle essentiel de co-construction dans les prochaines étapes. En effet, l’objectif principal est d’exploiter ces données pour répondre à des problématiques concrètes du quotidien. Par exemple, des capteurs installés à l’entrée de la déchetterie permettront aux habitants de savoir en temps réel si le moment est opportun pour s’y rendre ou si elle est déjà saturée. De même, des dispositifs similaires renseigneront sur la disponibilité des places de parking dans le centre historique, facilitant ainsi leur utilisation.
Profitez d’une offre de financement des projets numériques, data et IA de votre collectivité

Le projet en détails
Dates clés
Eté 2023
Automne 2023
2024
1er semestre 2025
Chiffres clés
3
84
2,3 millions d'euros
À retenir
Introduction d’outils numériques modernes : Permet aux agents d’aller au-delà d’un usage bureautique basique.
Utilisation des données comme base décisionnelle : Changement de culture dans la prise de décision.
Mise en commun des données via une cartographie des bâtiments : Améliore la collaboration et remplace les fichiers Excel isolés.
Les acteurs de la filière data / numérique / IA impliqués dans ce projet
Les autres projets - Gouvernance et socles technologiques
La datavisualisation comme levier d’acculturation à la donnée (22)

Exploitées sous formes d’infographies, les données du conseil départemental des Côtes d’Armor deviennent plus lisibles, plus accessibles et plus parlantes. Et les premiers à bénéficier de cette scénarisation des données sont les agents du Département qui comprennent mieux l’enjeu à produire des données de qualité.
GéoMAS, le système d’information géographique de tous les superlatifs

Avec ses 1500 utilisateurs, ses 13 applications et ses multiples couches de données, le SIG GéoMAS cumule les records. Mais au-delà de la plateforme technique, il organise une véritable gouvernance de la donnée géographique dont les petites collectivités sont les premières à bénéficier.
La Smart City Humaine d’Arras, une approche centrée sur la valorisation des données au service des citoyens


Depuis 2017, Arras développe une "Smart City Humaine" axée sur l'utilisation des données pour améliorer la qualité de vie des citoyens. En partenariat avec la Banque des Territoires, la ville déploie deux projets innovants (VASCO et Cardio) pour l'aide à la décision et la datavisualisation.
Saint-Sever (40) opte pour la télérelève afin de préserver la ressource en eau


Commune des Landes, connue pour son riche patrimoine historique et notamment son abbatiale du Xème siècle, Saint-Sever a opté pour l'installation de la télérelève afin d'améliorer la gestion de l'eau et le service proposé aux abonnés. Les compteurs d'eau vont être modernisés en étant équipés de modules permettant la relève à distance des consommations journalières. Les habitants pourront ainsi suivre leur consommation via une application, contribuant ainsi à une gestion plus efficace de la ressource en eau. Ce dispositif permettra également une gestion réactive de la ressource en eau facilitant la détection des fuites et une consommation maîtrisée. Cette initiative s'inscrit dans une démarche de transition numérique et environnementale pour la ville.
Elaboration d’une stratégie IA et Data à Montpellier Méditerranée Métropole (34)
Déploiement d’une plateforme de données pour les bâtiments intelligents et durables au Havre Seine Métropole (76)


Depuis 2016, Le Havre Seine Métropole déploie un projet "Bâtiments intelligents et durables" combinant GMAO et capteurs connectés (réseau LORA) pour optimiser la gestion énergétique de son patrimoine. Après une expérimentation réussie au stade Océane, la métropole étend le dispositif et développe une plateforme de données partagées.
IA générative pour la recherche d’informations à la Métropole Rouen Normandie (76)


Hackathon sur le thème du tourisme (76)

Pour accompagner la démarche d'ouverture des données de son territoire, le pôle métropolitain de l'Estuaire de la Seine a organisé une compétition de développeurs informatiques volontaires, sous forme d’un hackathon dédié au tourisme. Les données ont permis de révéler des pistes de développement concrètes, par exemple grâce à l'identification de "zones blanches touristiques".
Avec le Grand Lyon, Saint-Didier-au-Mont-d’Or balise l’ouverture de ses données (69)

En 2018, la Métropole de Lyon a publié un appel à candidatures auprès des 59 villes qui la composent pour désigner des « communes pilotes » dans l’ouverture des données communales. Onze villes ont répondu oui, dont la commune de Saint-Didier-au-Mont-d’Or (7000 habitants). La responsale de la communication a pris en main le dossier, épaulée par les groupes de travail animés par l’équipe du Grand Lyon.
Avec OpenStreetMap, Lannion se réapproprie son territoire numérique (22)

En mobilisant ses habitants pour enrichir la base cartographique collaborative OpenStreetMap, la ville de Lannion (22) crée des "communs numériques" au bénéfice de tous : habitants, touristes et entreprises.
Stratégie ville intelligente de Nîmes, de la vidéoprotection au pilotage centralisé (30)


Depuis 2018, la ville de Nîmes développe sa stratégie de ville intelligente en s'appuyant sur l'existant, notamment son réseau de vidéoprotection. Deux projets phares émergent : une application mobile de services aux usagers et un hyperviseur pour le pilotage centralisé de l'espace public.
Une carte interactive à disposition des maires en matière de défense extérieure contre l’incendie (90) et (21)

La région Bourgogne-Franche-Comté a trouvé la formule pour aider les maires à rédiger les arrêtés qu’ils doivent obligatoirement prendre en matière de défense extérieure contre l’incendie : une cartographie en ligne élaborée par IDéO BFC, du GIP Territoires numériques BFC (voir encadré). Un outil collaboratif qui fait ses preuves.
Bordeaux Métropole opte pour le numérique responsable


De OnDijon au Data Hub, l’émergence d’une gouvernance des données à Dijon Métropole


Depuis 2018, Dijon Métropole structure sa stratégie données autour du projet OnDijon (poste de pilotage centralisé) et du projet européen RESPONSE. La métropole développe progressivement sa gouvernance avec un comité data interne, un chief data officer et un futur data hub territorial.
Zabal : une plateforme open data pour l’agriculture (64)

Avec Zabal, la communauté d’agglomération du Pays basque innove en se dotant du premier portail à l’échelle d’un territoire, de données partageables sur l’agriculture. Grâce à lui, tous les acteurs du monde agricole disposent de chiffres vérifiés et actualisés sur les cultures et productions. Une connaissance fine qui guide la politique agricole des élus.
L’acculturation des agents, première action du Grand Poitiers dans sa démarche d’Open Data (86)

Désignation d’un réseau de référents dans les services, conférences, concours et « data sandwich »… Autant d’outils pour lever les freins des citoyens mais aussi des agents au recueil et à la diffusion des données. Une stratégie d’acculturation garante d’un open data durable et efficient.
Le projet Territoire Intelligent d’Angers Loire Métropole via un marché global de performance (49)


La ville de Nevers valorise ses données métier grâce à un datalake (58)

Pour répondre aux obligations open data ou créer des tableaux de bord, les collectivités ont besoin d’accéder aux données de leurs applications métier. C’est pour cette raison que la ville de Nevers a conçu un « datalake » ou entrepôt de données transverse à la collectivité.
Montamisé utilise la plateforme D-Lyne pour ouvrir ses données (86)

La commune de Montamisé a testé avec succès une plateforme D-Lyne, facilitant la publication de données ouvertes normalisées. Une initiative open data qui profite à la transparence de l’action municipale comme à la circulation de l’information dans la collectivité.
12 ans de démarche Cité intelligente à Montpellier Métropole (34)


Depuis 2010, Montpellier Métropole développe sa stratégie de ville intelligente à travers trois feuilles de route successives. D'abord axée sur la R&D avec IBM, puis sur le développement d'une solution propre, la métropole a déployé trois plateformes interconnectées (IoT, opendata, FIWARE) et divers projets innovants.
Mise en place d’une Direction de la Donnée à Saint-Nazaire Agglomération


Dans le cadre de sa stratégie numérique 2017-2021, Saint-Nazaire Agglomération a transformé sa Direction SIG en Direction de la Donnée, développant l'open data et la gouvernance des données. Cette évolution, soutenue par un budget de 11 millions d'euros, s'appuie sur un réseau de référents et des projets innovants.
« Super Chef RGPD » en Bourgogne-Franche-Comté (25)

Commencer par le commencement, avancer pas à pas : telle est la méthode adoptée par le GIP Territoires Numériques Bourgogne-Franche-Comté pour aider les collectivités, les plus petites notamment, à se mettre en conformité avec le règlement de la protection des données personnelles (RGPD), entrée en application en mai 2018.
Vous êtes passés à l'action sur les données territoriales ?
