Depuis 2013, l’association Open Data France accompagne les collectivités dans l’ouverture et l’exploitation de leurs données. Un enjeu majeur pour les territoires, qui va bien au-delà de la simple transparence et participe à la transformation numérique des services publics.
Entretien avec Constance Nebbula, Présidente d’Open Data France
Élue à la présidence d’Open Data France en 2024, Constance Nebbula porte une ambition forte : structurer un véritable « service public de la donnée » et renforcer l’accompagnement des collectivités dans la valorisation de leurs données. Vice-Présidente d’Angers Loire Métropole et de la région Pays de la Loire, elle pilote également plusieurs projets numériques à l’échelle locale.
Vous avez été élue Présidente de d’Open Data France en 2024 ; Quelle ambition pour l’association portez-vous pour les années à venir ? Quels sont les principaux chantiers en cours ?
J’ai l’ambition avant tout de rassembler, de populariser et de politiser l’idée d’un « service public de la donnée ». Lors que mon élection, j’ai promis de doubler le nombre d’adhérents (les collectivités), d’avoir une meilleure représentativité de leur diversité de tailles et de moyens, et d’avoir une gouvernance elle aussi plus variée avec des élus impliqués de toute la France : 2 ans plus tard, tout ça est fait. Je suis très fière du collectif que nous avons créé et je remercie tous les élus, qu’ils soient Maire, Adjoint, Conseiller départemental ou régional, Vice-Président d’exécutif… qui s’impliquent dans Open Data France et portent politiquement nos sujets. Nous avons mené en plus en 2024 le chantier essentiel de la refondation complète de notre feuille de route, avec le soutien de tout l’écosystème qui l’a aussi s’est mobilisé, celle ci se concrétise depuis.
Quel bilan tirez-vous de l’ouverture des données en France et quels défis identifiez-vous pour renforcer l’usage de l’open data dans les territoires ?
Open Data France est une association précurseur. Elle promeut l’ouverture des données depuis 2013, bien avant l’obligation légale imposée par la Loi pour une République Numérique. Cela lui donne une légitimité mais surtout avec les années, des raisons de plus en plus importantes d’exister : aujourd’hui, 16% des collectivités soumises à cette obligation (celles de + de 3500 hab.) ouvrent leurs données. Et au delà de ce chiffre quantitatif (certains s’en satisfont, ce n’est pas mon cas), quelle est la valeur qualitative ? Quelles données ? Pour quoi faire ? Pour quels services, quelle utilisation, etc ? Obliger certes, ça a créé une dynamique. Mais accompagner, expliquer, promouvoir, parler usages,… ça n’a pas été fait, et ça ne l’est toujours pas. Donc Open Data France a encore de beaux jours à vivre tant nous sommes je crois loin d’avoir aujourd’hui une maturité réelle des enjeux de la donnée publique.
Voyez-vous des opportunités générées par la convergence de l’Open Data et de l’IA dans les collectivités ?
Tout à fait ! Nous l’avons vu lors de nos concertations pour notre nouvelle de feuille de route, l’IA s’est rapidement glissé dans les discussions et identifié comme un axe essentiel. Pourquoi ? Tout simplement car il n’y a pas d’IA sans data. Les collectivités peuvent être attirées par l’effet de mode autour de l’IA, ce qui peut être un moyen de les intéresser à la nécessaire maturité à avoir sur leurs données. De plus, les 1ers utilisateurs de l’open data territorial, ce sont les collectivités elles mêmes, pour leurs propres services. Mais elles ne le savent que peu… En martelant ce message sur le service public de la donnée, comme bonne « base » pour déployer d’éventuels projets IA, on capte un nouvel auditoire, cela parle aux élus locaux. Reste à mettre les moyens (humains et financiers)…
En tant que Vice-Présidente d’Angers Loire Métropole et Vice-Présidente de la région Pays de la Loire vous portez de nombreux projets liés au numérique. Y-a-t-il une action emblématique que vous aimeriez partager ?
Au moins une, car au delà du symbolique, elle est l’illustration du discours que je tiens : dans quelques jours nous réunirons le 1er comité ligérien de la donnée, qui vise à réunir à l’échelle régionale toutes les collectivités (communes, interco, départements), les services de l’Etat et services décentralisés, les structures publiques comme la CNIL, l’IGN, l’INSEE… autour de la Région Pays de la Loire qui a un rôle « d’assemblage » des forces et de mutualisation. J’assume ce rôle que nous prenons, et que nous avons déjà sur l’Open Data ou la donnée géographique via notre programme régional GEOPAL. L’idée est désormais d’avoir une instance de partage, de gouvernance autour des enjeux, de sortir du technique pour parler politique publique… et politique tout court.