La data au cœur de l’optimisation de la collecte des déchets à Pays de Montbéliard Agglomération (25)
Pays de Montbéliard Agglomération (25) optimise la collecte des déchets grâce à l’IoT, réduisant coûts et émissions de CO2. Avec 1100 capteurs déployés, les tournées sont plus dynamiques, assurant des camions remplis à 95-100%. Cette optimisation des tournées a permis de réduire le nombre de kilomètres parcourus, le temps de travail des agents et les coûts de carburant (- 31 %).





Ce projet est présenté par :
Stéphane Thockler, Directeur des Systèmes d’Information à Pays de Montbéliard Agglomération
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets numériques, data et IA sur votre territoire, Numérique360 part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
Entretien avec Stéphane Thockler
En quoi consiste concrètement votre projet et quels en sont les principaux objectifs ?
Le projet consiste à intégrer l’Internet des Objets et à l’analyse des données dans la collecte de déchets (points d’apport volontaires et poubelles de parc) afin de mieux gérer les itinéraires des camions, pour s’assurer qu’ils sont presque pleins à l’issue de chaque tournée. Dans ce but, 1100 capteurs fonctionnant sur technologie laser ont été installés et connectés à un réseau LoRa pour la transmission de données.
Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Initialement, l’idée était d’intégrer l’IoT dans la gestion des déchets pour rendre “intelligentes” les poubelles des particuliers. Cependant, cette proposition a été jugée prématurée. En 2021, la stratégie a été réorientée vers des projets plus faciles à mettre en œuvre, comme les points d’apport volontaire et les poubelles de parc. Ces projets permettent une mise en place plus simple et une adoption plus rapide par les services métier.
Le constat était simple : les tournées de collecte suivaient toujours le même circuit, avec peu de variations dans les délais entre deux passages. Il était donc fréquent que les camions reviennent avec seulement 60 à 70 % de leur capacité utilisée.
L’objectif était donc de rationaliser les tournées de collecte et de réduire les coûts opérationnels tout en améliorant l’efficacité du service. Le projet a également été motivé par la volonté de valoriser les politiques publiques grâce à la data. Enfin, ce projet s’inscrit dans une démarche plus large de territoire intelligent, visant à améliorer la gestion des ressources et à réduire l’empreinte environnementale de l’agglomération.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Les premières réflexions, dès 2021, ont porté sur le pilotage par la donnée et la remontée d’indicateurs d’activité pour qualifier nos politiques publiques.
La DSI a ressenti le besoin de se diversifier au-delà des services classiques comme la gestion informatique et la cybersécurité, en valorisant les données pour optimiser les actions de la collectivité. Le mot d’ordre est devenu la data : son hébergement, sa souveraineté et sa valorisation. Ces éléments sont cruciaux pour mieux comprendre et optimiser les politiques publiques.
En répondant à l’appel à projets « Territoires Intelligents et Durables » de la Région Bourgogne-Franche-Comté, il a été décidé de promouvoir l’usage numérique à l’extérieur auprès des habitants et en interne auprès des différentes directions. Au-delà de l’aide financière, le soutien de la région a aussi été crucial pour valider ces stratégies et surmonter les réticences initiales.
La DSI a pu très rapidement démontrer l’importance de la donnée pour l’appropriation des outils par les services métier et la restitution d’indicateurs précis. Par exemple, des économies de 31 % ont été réalisées dans la collecte du verre. Avant les capteurs, 13,74 tonnes étaient collectées pour 100 km parcourus par les camions. Aujourd’hui, ce chiffre est passé à 17,58 tonnes, confirmé par les bases de données, représentant un gain annuel de 4200 litres de carburant pour la collecte du verre.
Y a-t-il des compétences ou sujets spécifiques à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?
Il est essentiel de bien comprendre les technologies IoT. Cela signifie maîtriser les capteurs, les réseaux de communication comme le réseau LoRa, et les plateformes de gestion des données. L’idée est de savoir comment ces technologies interagissent pour collecter et transmettre des informations en temps réel.
Une bonne expertise en gestion de projets est également nécessaire, surtout dans un contexte d’innovation et de partenariats. À l’Agglomération du Pays de Montbéliard, le choix a été fait de travailler main dans la main en valorisant la notion de partenariat avec des start-up et des entreprises spécialisées. Cela implique donc aussi de gérer des relations contractuelles et de co-développement. Les entreprises Mobil-inn et Heyliot ont travaillé de pair pour optimiser la collecte. Cette dernière a ainsi mis en place un système d’interconnexion des bases de données avec Mobil-inn pour améliorer l’efficacité des tournées.
La gestion et l’analyse des données sont également cruciales. Les 1100 capteurs IoT produisent une énorme quantité de données qu’il faut stocker, analyser et interpréter pour optimiser les processus.
S’ajoute à cela le fait de savoir utiliser des outils de visualisation et d’analyse de données pour tirer des conclusions utiles et prendre des décisions éclairées. Enfin, il est crucial de maîtriser les aspects réglementaires et de conformité, surtout en ce qui concerne la gestion des données et la protection de la vie privée. Les projets IoT impliquent souvent la collecte de données sensibles, et il est essentiel de s’assurer que toutes les réglementations sont respectées.
Quelles furent les phases préparatoires du projet ? Avez-vous mené une étude en amont du projet pour définir sa faisabilité et/ou son impact ?
Une phase préparatoire importante a été d’intégrer les directions métier dans le suivi et la gestion de chaque projet. Contrairement à l’approche initiale, des chefs de projet issus des métiers concernés – et non de la DSI – ont été désignés pour assurer cohérence et cohésion. Cela a permis de mieux comprendre les besoins spécifiques, car l’expertise métier était limitée.
Un réseau LoRa peu coûteux et déjà largement déployé sur le territoire par un opérateur a été mis à contribution. Mais nous avons constaté que le réseau LoRa n’était pas aussi étendu que l’indiquaient les cartes de couverture, ce qui est courant avec les réseaux radio. Pour compenser, une solution propriétaire de Pays de Montbéliard Agglomération, indépendante du réseau d’Orange, a été adoptée.
Une phase pilote a été mise en place pour tester les capteurs sur un nombre limité de conteneurs, validant leur fiabilité, identifiant les éventuels problèmes techniques et ajustant les processus de collecte. Les données collectées lors de cette phase ont été analysées pour évaluer l’impact des capteurs sur l’optimisation des tournées et la réduction des coûts, confirmant les bénéfices potentiels du projet à plus grande échelle.
Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?
Une approche agile et collaborative a été la clé du bon dimensionnement de ce projet. Les services métier ont été fortement intégrés pour s’adapter au plus près aux besoins réels du territoire. Dès le départ, l’objectif n’était pas de fixer un nombre précis de capteurs ou de technologies, mais plutôt de déployer progressivement les solutions en fonction des retours d’expérience et des données collectées.
Assurer le bon dimensionnement, c’est aussi identifier les irritants et les besoins spécifiques. Par exemple, la collecte des déchets était initialement réalisée de manière statique, avec des tournées fixes, ce qui entraînait des inefficacités et des coûts élevés. L’analyse des données a révélé que certains conteneurs étaient souvent pleins avant la date de collecte prévue, tandis que d’autres étaient à peine remplis. Pour pallier ces problèmes, un nombre restreint de capteurs a d’abord été déployé sur les points d’apport volontaire et les poubelles de parc, en privilégiant les zones à forte fréquentation.
Les capteurs choisis utilisent une technologie laser, jugée plus précise que les solutions à ultrasons. Ensuite, une phase de test et d’ajustement a permis de valider l’efficacité des capteurs et d’optimiser leur emplacement.
Plutôt que d’opter pour une solution clé en main, le partenariat avec des entreprises spécialisées citées précédemment a permis à l’agglomération de co-développer les outils avec ses partenaires, en intégrant leurs retours d’expérience et en adaptant les solutions aux spécificités locales.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?
Ce projet a coûté environ 300 000 euros. 70 % du financement, soit 210 000 euros, ont été apportés par la Région Bourgogne-Franche-Comté dans le cadre de son appel à projets « Territoires Intelligents et Durables ». Les 30 % restants, représentant 90 000 euros, ont été financés sur fonds propres par Pays de Montbéliard Agglomération (PMA).
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?
Heyliot : Fournisseur des capteurs IoT et partenaire principal pour le développement de la stratégie de gestion intelligente des déchets. Ils ont fourni des capteurs optiques laser pour mesurer les taux de remplissage des conteneurs.
Heyliot et Mobil-inn : Partenaires pour l’optimisation des tournées de collecte. Heyliot a mis en place un système d’interconnexion des bases de données avec Mobil-inn pour améliorer l’efficacité des tournées.
Nicolas Lubar Consulting : Cabinet d’AMO (Assistance à Maîtrise d’Ouvrage) qui a aidé à la rédaction des documents contractuels et des contrats de partenariat.
ARNIA : Agence Régionale Numérique qui a collaboré avec PMA sur certains projets, bien que l’initiale subvention ait été directement portée par la région Bourgogne-Franche-Comté.
Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?
Le premier conseil est de collaborer étroitement avec les services métier dès le début du projet. Leur implication garantit une meilleure appropriation des outils et une compréhension claire des bénéfices attendus.
La valorisation des données doit être au cœur du projet, car les indicateurs de performance permettent de mesurer les gains en termes de coûts, de temps et d’émissions de CO2. Il est également crucial de privilégier des partenaires technologiques capables de co-développer des solutions adaptées aux besoins spécifiques plutôt que des solutions standardisées.
Investir dans la formation des équipes est également essentiel, car les services métier doivent comprendre l’importance de la donnée et comment elle peut améliorer leur travail quotidien. Cela nécessite souvent un changement de culture au sein de l’organisation.
Par ailleurs, il est important d’assurer la souveraineté des données collectées, garantissant ainsi la sécurité et la confidentialité des informations tout en permettant une exploitation optimale des données pour l’amélioration continue des services.
Une communication régulière sur les avancées et les résultats du projet avec les élus et les citoyens est également cruciale. La transparence sur les gains environnementaux et économiques renforce l’adhésion et le soutien au projet. Enfin, il est important d’explorer les possibilités de subventions régionales ou nationales pour financer le projet.
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Le projet en détails
Dates clés
2021
2022
Septembre 2023
2024
Chiffres clés
1100
31%
300 000 euros
À retenir
Le projet a permis une optimisation significative des tournées de collecte, réduisant ainsi les coûts et les émissions de CO2.
Les directions métier se sont pleinement appropriées les outils numériques, facilitant l'intégration de la data dans leurs processus quotidiens.
Ce projet a nécessité un investissement personnel important de la part des équipes, notamment en termes de temps et d'énergie pour surmonter les obstacles et assurer la réussite du projet
Les partenaires de ce projet

Région Bourgogne-Franche-Comté

ARNIA, Agence Régionale Numérique
Les acteurs de la filière data / numérique / IA impliqués dans ce projet
Pays de Montbéliard Agglomération
Communes
Habitants
Données de contact
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