Symphonie : le projet du département de l’Aude (11) pour renforcer sa résilience face aux aléas climatiques

Pourriez-vous nous expliquer ce projet ?

L’ambition du projet Symphonie est d’abord d’apporter des solutions innovantes au département en matière de connectivité. Nous travaillons principalement sur trois axes : la prévention des risques incendies et inondations par le numérique, l’amélioration des services publics du territoire et le soutien du développement économique local. L’idée est réellement de devenir un département à la fois attractif et innovant sur la thématique du numérique.

Comment le projet Symphonie s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Depuis un certain temps, le SYADEN est impliqué dans de nombreux sujets en relation avec la maîtrise de l’énergie et la production d’énergies renouvelables. Nous avons été sollicités pour réfléchir à une meilleure prise en compte des enjeux locaux du territoire.

Pour ce projet, nous sommes partis de l’idée suivante : comment construire un projet innovant et qui englobe un maximum d’acteurs locaux ? À partir de cette réflexion, l’un de nos objectifs était aussi d’améliorer notre résilience face aux changements climatiques.

En effet, aujourd’hui le département est très sensible aux aléas météorologiques. Qu’il s’agisse de la gestion des incendies ou des inondations, des acteurs locaux (syndicats de rivières, SDIS de l’Aude) travaillent quotidiennement sur ces enjeux.

Avec ce projet, notre but est de construire des nouveaux outils numériques qui assurent une meilleure protection de la population.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Nous ne sommes pas partis d’une page blanche. Le plus important a été de bâtir une stratégie qui a finalement pris le nom de « Symphonie ». Ce n’est ni plus ni moins que la mise en relation de partenaires publics et privés pour réaliser des actions qui servent plusieurs objectifs.

Le premier concerne le soutien au développement économique de l’Aude, puis la modernisation des services publics locaux et enfin, la résilience face aux changements climatiques. Nous souhaitons être dans une logique de prévention et améliorer notre réactivité.

Quelques départements comme la Sarthe ou nos voisins de l’Hérault ont été pionniers dans la gestion des incendies. Nous avons donc pu nous inspirer de ces territoires. Le département s’appuie aussi sur un tissu économique régional qui a de bonnes idées, mais qui ne parvient pas toujours à les mettre en œuvre. Notre rôle a été d’agir en tant que chefs d’orchestre pour rassembler toutes ces innovations, les intégrer dans un moule et ensuite les répliquer. C’est pourquoi nous avons baptisé le projet « Symphonie ».

Est-ce qu’une étude de faisabilité et/ou d’impact a été réalisée sur ce projet ?

Nous avons répondu à cet appel à projets du ministère de la Transition écologique, , de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques « Territoires intelligents et durables » en un temps record. En effet, nous disposions de trois mois pour proposer un dossier construit. Donc, il n’y a pas eu à proprement parler d’étude de faisabilité réalisée, car c’est dans notre quotidien de travailler avec les communes sur leurs besoins.

L’Aude est un territoire positionné dans le « Top 5 national » en nombre de départs de feu et dans le « Top 10 » des inondations, avec des cours d’eau qui, du jour au lendemain, peuvent se transformer en fleuves. Ce sont des caractéristiques que nous avons intégrées dans notre base d’analyse pour monter le projet.

Tout un volet de notre quotidien concerne déjà l’accompagnement de nos collectivités dans la transition écologique avec l’outil numérique. Alors c’est plutôt cette relation empirique de proximité qui a compté.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Pour un projet de cette nature, il faut être en mesure d’assurer la collaboration de tous et toutes. Le plus difficile est de faire coïncider tous les métiers, qu’ils soient techniques, administratifs ou financiers. À travers ce projet Symphonie, nous faisons travailler tout le monde pour un même objectif, avec une feuille de route commune. Il faut montrer aux équipes cette interdépendance pour que chacun s’implique dans le projet en fonction de son propre champ de compétences.

Parfois il faut savoir faire appel à des compétences externes. Par exemple, sur la question de la donnée et de la logique des datas centers publics, cela a été notre cas. Ce sont des métiers nouveaux et pointus sur lesquels nous avons eu besoin d’une aide extérieure.

Lors de la phase de diagnostic et de planification, comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet et l’adhésion des citoyens et citoyennes ?

Le dimensionnement du projet est directement lié aux objectifs auxquels nous essayons de répondre. Notre but est de répondre au maximum aux besoins du département, dans toute sa diversité, qu’il s’agisse des territoires urbains ou ruraux. C’est pourquoi il faut parvenir à trouver les meilleurs dénominateurs communs pour assurer cette dimension collective. Quand nous évoquons la question de la sécurité des populations, c’est facile, car c’est un point qui parle à tout le monde.

En revanche, quand il s’agit d’enjeux plus spécifiques, nous avons une approche qui s’apparente à un laboratoire expérimental. Nous testons les actions sur un échantillon du territoire afin d’en tirer des conclusions.

Pour donner un exemple, c’est ce que nous avons fait pour la politique de détection et de pilotage de l’éclairage public. Au moment de son lancement, nous n’avions pas réellement conscience des gains énergétiques.

Le projet Symphonie s’inscrit dans cette logique d’expérimentation afin que nous puissions répliquer des solutions qui fonctionnent à l’échelle du territoire.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles sont les aides sollicitées/obtenues ?

Symphonie est un projet d’envergure estimé à 6,8 millions d’euros, dont environ 5 millions d’euros d’investissement. Il faut souligner que nous sommes sur une proportion de 50 % d’aides de l’État. Ce qui représente une bonne opération, car la collectivité n’aurait pas pu monter ce projet seule de son côté.

Nous investissons en propre c’est-à-dire qu’il s’agit essentiellement d’emprunt. À la différence des consortiums, où les porteurs de projet mutualisent leurs ressources, nous avons décidé d’assumer ce projet en tant qu’investisseurs. Nous mobilisons des moyens humains pour que le projet puisse vivre et réponde un maximum aux attentes d’un maximum des cibles identifiées.

Quels sont les autres acteurs qui ont accompagné le département de l’Aude dans la préparation et la réalisation de Symphonie ?

Symphonie est un projet qui s’inscrit dans le plan d’investissement France 2030 encadré par l’État. Parmi les principaux acteurs, il y a les partenaires publics comme les Sapeurs-pompiers du département et le Centre de gestion de la fonction publique territoriale avec qui nous avons travaillé sur les logiques de cybersécurité.

Pour les partenaires institutionnels, nous avons collaboré par Émeraude THD, notre délégataire de service public en fibre. Puis, pour le troisième volet de Symphonie sur le développement économique local, nous avons travaillé avec la Chambre d’agriculture de l’Aude sur des questions de productivité ou de gestion de l’eau.

Concernant les entreprises privées, nous avons été accompagnés par un panel d’acteurs. Ubicité,  Alsatis, un opérateur de réseau numérique, la société Cité Connect, une start-up créée à Carcassonne qui propose un environnement numérique de travail aux collectivités. Enfin, nous avons fait appel à Omexom, un bureau d’études toulousain avec lequel nous avons monté le dossier.