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Le Jumeau Numérique de la Vendée (85) : Innover avec la Data

Depuis 2024, le département de la Vendée déploie un jumeau numérique qui va couvrir progressivement les 19 EPCI du territoire. Cette plateforme intègre des données historiques, en temps réel et de simulation 3D. Le premier cas d’usage est le cadastre solaire. Mais d’autres applications sont prévues pour anticiper les risques environnementaux et optimiser les ressources.

Entretien avec Cédric Seigneuret et Simon Guilloton

Parole de collectivité
Cédric Seigneuret et Cédric Guilloton - Crédits photo : Géovendée
Transition écologique et énergétique

Ce projet est présenté par :

Cédric Seigneuret, Directeur de GéoVendée et Simon Guilloton, Chef de Projet Data/Géomatique

La gouvernance partagée est cruciale pour garantir l'appropriation du jumeau numérique par les différents partenaires.
Simon Guilloton

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets numériques, data et IA sur votre territoire, Numérique360 part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

Entretien avec Cédric Seigneuret et Simon Guilloton

En quoi consiste concrètement votre projet et quels en sont les principaux objectifs ?

Le Jumeau Numérique de la Vendée est une plateforme de données, associée à une maquette 3D interactive, qui a vocation à représenter le territoire vendéen dans sa globalité (6 700 km², 650 000 bâtiments). Cet outil permet de simuler des scénarios pour anticiper les risques, optimiser la gestion des infrastructures et accompagner la prise de décision des collectivités.

Lancé opérationnellement en 2022, ce projet couvre quatre principales thématiques :

– La gestion durable du territoire : simulation des risques naturels (inondations, submersions marines) et planification urbaine.

– La transition énergétique : développement d’un cadastre solaire pour évaluer le potentiel photovoltaïque.

– L’interopérabilité des données : centralisation des informations patrimoniales, environnementales et urbaines sur une plateforme collaborative.

– L’amélioration des services publics : gestion optimisée des infrastructures publiques (éclairage, stationnement).

Le Jumeau Numérique de la Vendée est alimenté par des données historiques collectées depuis plus de 20 ans, ainsi que celles issues de flux en temps réel via un réseau IoT (LoRa). Des données géographiques précises (Lidar HD, photos aériennes) sont également exploitées. Le volume de données exploitées par la plateforme a d’ailleurs dépassé les 150 téraoctets.

Depuis 2024, le premier usage est le cadastre solaire, commandé par le SYDEV (Syndicat Départemental d’Énergie et d’équipement de Vendée) et développé par GéoVendée en étroite collaboration avec leurs services. Le cadastre solaire permet d’évaluer l’opportunité d’installer des panneaux photovoltaïques sur un bâtiment en croisant le potentiel de production d’énergie solaire des toitures avec les données de consommation du bâtiment.

D’autres cas d’usage sont en préparation pour 2025 dont la simulation de submersions marines et d’inondations grâce aux futures données IoT, ainsi que l’analyse de la résilience de certaines infrastructures, dont les réseaux de fibre optique.

Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Les premières réflexions autour du Jumeau Numérique de la Vendée datent de 2020. Nous avions alors été missionnés pour réaliser un PCRS départemental (Plan Corps de Rue Simplifié). Dans ce cadre, nous avions obtenu des plans photographiques ainsi qu’un relevé LiDAR de l’ensemble du département (la captation LiDAR permet de générer des nuages de points 3D des éléments du territoire à partir de capteurs laser, NDLR). Nous disposions alors des premières briques pour réaliser un jumeau numérique et nous avons donc décidé de lancer le projet.

La nécessité d’un jumeau numérique s’est imposée face à plusieurs enjeux majeurs. Le premier est la transition écologique et la résilience du territoire. Avec la montée des risques climatiques (inondations, submersions), il est devenu crucial d’anticiper les impacts environnementaux et d’adapter les infrastructures.

Le deuxième enjeu est la transition énergétique, avec donc le cadastre solaire qui permet de favoriser le développement de cette énergie renouvelable sur le territoire. Parmi les autres enjeux : citons la modernisation des services publics et le pilotage des projets urbains.

Concrètement, nous avons terminé le photomaillage 3D de l’ensemble du département. La numérisation des 650 000 bâtiments de la Vendée est en cours (400 000 numérisations réalisées en mars). Fin 2025, 100% du territoire sera représenté dans ce jumeau numérique. Il est livré progressivement (depuis octobre 2024). Au mois de mars 2025, 10 des 19 EPCI du département étaient couverts par ce jumeau numérique.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Elles sont multiples. Il y a notamment le projet de territoire intelligent d’Angers Loire Métropole, dont un des volets est le développement d’un jumeau numérique qui a été mis en service en 2023. Nous avons également eu des échanges avec des partenaires techniques (GEOFIT et sa filiale IGO) ainsi qu’avec des experts en intelligence artificielle, notamment sur l’IA frugale pour la mise à jour des données. Enfin, les retours d’expérience issus de conférences spécialisées en transformation numérique et en gestion des données territoriales, ont également été des sources d’inspiration.

Y a-t-il des compétences ou sujets spécifiques à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Un jumeau numérique est avant tout une plateforme de données. Il faut donc des compétences dans la gestion de la data, et notamment son partage et sa mutualisation. La mutualisation de la donnée a 20 ans d’âge pour GéoVendée et c’était le préalable à ce projet de jumeau numérique. Depuis 20 ans nous travaillons sur la standardisation des données et nous disposons aujourd’hui d’une centaine de jeux de données standardisés. Depuis 10 ans nous avons également interconnecté les systèmes d’information de l’ensemble des communes du département.

Outre la gestion de la data, d’autres compétences sont nécessaires pour mener à bien un projet de jumeau numérique. Il faut avoir des compétences en gouvernance, avec une aptitude à animer des groupes de travail et à assurer une gestion collaborative du projet. La gouvernance partagée est cruciale pour garantir l’appropriation du jumeau numérique par les différents partenaires.

Il faut également des compétences en modélisation 3D et en SIG. Le Système d’information géographique est en effet le socle du jumeau numérique. Une expertise en gestion de données géographiques (LiDAR, photogrammétrie) est également essentielle.

Enfin, des compétences en Data science et en IA sont vivement recommandées, pour analyser les données massives, construire des modèles prédictifs et optimiser les processus de décision.

Quelles furent les phases préparatoires du projet ? Avez-vous mené une étude en amont du projet pour définir sa faisabilité et/ou son impact ?

Les élus et les techniciens étaient initialement sceptiques quant à ce projet de jumeau numérique. Très vite, nous nous sommes accordés sur l’avantage de faire un POC (proof of concept) qui s’est avéré concluant et a convaincu toutes les parties prenantes. Mené pendant environ six mois (entre 2022 et 2023), ce POC a été un accélérateur important du projet. Il nous a notamment permis de lancer la numérisation des bâtiments et le photomaillage sur un premier périmètre qui était celui du territoire de La Roche-sur-Yon.

Cette expérimentation a ainsi permis de tester la production de données afin de valider la faisabilité technique du projet.

Enfin, nous avons organisé dès le démarrage du projet des sessions d’information et de sensibilisation pour engager les collectivités locales, les syndicats départementaux et les acteurs privés.

Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?

Le dimensionnement du projet repose sur une approche pragmatique et progressive :

– Évaluation des cas d’usage : identification des besoins prioritaires tels que le cadastre solaire, la gestion des risques naturels, la planification énergétique et la gestion des infrastructures publiques…

– Approche évolutive : le jumeau numérique a été conçu comme une plateforme modulaire, capable d’intégrer de nouveaux cas d’usage à mesure que les besoins évoluent.

– Tests pilotes : des expérimentations ont été menées sur des périmètres restreints pour tester les outils de simulation et les fonctionnalités d’IA, avant un déploiement à l’échelle départementale.

– Scalabilité technique : choix d’une architecture basée sur un data lakehouse, assurant à la fois stockage massif des données historiques et traitement des données en temps réel.

– Interopérabilité : Refonte de notre plateforme d’interopérabilité GV LIVE (plateforme d’interopérabilité qui assure la circulation des données entre les adhérents de GéoVendée).

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?

Le coût global du projet est de 2,4 millions. Plus d’ 1 million de subvention provient de la Banque des Territoires dans le cadre de l’appel à projets DIAT (Démonstrateur d’IA frugale pour la transition écologique) opéré par la Banque des Territoires, dont nous avons été lauréats. Cette subvention a été un formidable accélérateur du projet.

Parmi les autres soutiens financiers : les syndicats départementaux (SYDEV, Vendée Eau, Trivalis, Vendée Numérique), ont co-financé la mise en place du réseau LoRa. La Département de la Vendée a participé financièrement pour soutenir les investissements en infrastructures numériques.

Il y a également des investissements propres de Géo Vendée, comme le financement de la conception des maquettes 3D. Enfin, la société GEOFIT a financé la conception de l’IA de classification du LiDAR (l’IA sert en effet à identifier et classer les éléments des images, comme par exemple un arbre, un dispositif de climatisation sur un toit … NDLR).

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Le succès du Jumeau Numérique de la Vendée repose sur une collaboration étroite avec plusieurs partenaires. Il y a les partenaires techniques que sont la société GEOFIT et sa filiale IGO pour la modélisation 3D et l’IA. Il y a également les acteurs publics : le Département de la Vendée et les syndicats départementaux (SYDEV, Vendée Eau, Trivalis, Vendée Numérique) pour la production des données, l’acquisition de la plateforme et le soutien institutionnel.

Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?

– Assurer une gouvernance partagée en instaurant une gouvernance collaborative pour garantir l’adhésion des acteurs locaux et la mutualisation des ressources.

– Privilégier une approche modulaire et évolutive en commençant par des cas d’usage concrets et élargir progressivement les fonctionnalités.

– S’appuyer sur un diagnostic territorial précis en identifiant les besoins réels du territoire et impliquer les parties prenantes dès le début du projet.

– Valoriser les résultats en communicant sur les premiers bénéfices concrets afin de renforcer l’adhésion des citoyens et des partenaires.

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Le projet en détails

Dates clés

2006 - 2020

Création de la BGV (base de données de GéoVendée) puis de la plateforme d’interopérabilité GV LIVE.

2020- 2021

Lancement du programme "Vendée Territoires Connectés", initié et animé par Vendée Numérique

2022- 2023

Lancement du POC, lauréat du DIAT et obtention du financement.

2025

Mise en production du premier cas d’usage et définition des prochaines applications.

Chiffres clés

6 700

km2 de superficie totale du département de la Vendée.

650 000

nombre de bâtiments modélisés en 3D pour permettre des analyses multi-échelles, du bâtiment à l’ensemble du territoire.

1,4

volume d’échanges de données annuels en milliards sur la plateforme d'interopérabilité GV LIVE.

À retenir

La gestion des risques naturels, l’optimisation énergétique (cadastre solaire) et la gestion des infrastructures (éclairage, stationnement) sont en train d’être améliorées

La gouvernance partagée et la mutualisation des données ont permis une large adhésion des collectivités

L'intégration des systèmes existants a nécessité une coordination technique rigoureuse pour assurer l'interopérabilité.

Ressources

Un vaste réseau d'objets connectés, couplé à une carte interactive ultra détaillée, va permettre de cartographier la Vendée

Signature de partenariat pour le lancement du réseau d’objets connectés et le jumeau numérique de la Vendée

Les partenaires de ce projet

Sydev-logo

SYDEV

Vendée eau-logo

Vendée eau

Trivalis-logo

Trivalis

Vendée numérique-logo

Vendée Numérique

Les acteurs de la filière data / numérique / IA impliqués dans ce projet

Département de Vendée

Habitants

699 459

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