L’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (78) optimise les mobilités grâce à l’IA

Afin de mieux comprendre comment les habitants et les visiteurs se déplacent sur le territoire, Saint-Quentin-en-Yvelines a mis en place en 2023 une plateforme data baptisée « Data Hub Observatoire de la Mobilité  » elle agrège des données comme le comptage des flux de déplacements via des boucles au sol ou des caméras, les résultats de l’Enquête Globale Transport 2010 (origine/destination), des données transport en open-data (SNCF, Île-de-France Mobilités …) et des données anonymisées de smartphones (Fluxvision d’Orange) ou des voitures connectés (avec Renault). L’IA permet de préciser ses données via de l’extrapolation et de faire du prédictif.

Comment le sujet s’est imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Le projet de Data Hub s’est imposé comme une priorité pour Saint-Quentin-en-Yvelines en raison de sa volonté de devenir un territoire intelligent et durable, en plaçant la donnée au cœur de l’innovation. Les enjeux de transition écologique, d’amélioration des services publics et de la gestion des mobilités ont fait de cette initiative un levier essentiel pour une transformation numérique inclusive et sécurisée. Le « Data Hub Observatoire de la Mobilité  » est un des volets de notre démarche de ville intelligente, initiée en 2021, avec la création de notre compétence « smart city ».

En 2022, nous avons décidé de travailler sur la data de mobilité car nous voulions développer les mobilités douces (vélo et trottinettes) et résoudre des problématiques de congestion routière sur la RN10, un des principaux axes qui traverse notre territoire. L’objectif final était d’optimiser les mobilités et ainsi d’améliorer le confort de vie, comme la qualité de l’air. Il y a donc un enjeu environnemental, mais aussi d’attractivité du territoire.

Nous souhaitions disposer d’un diagnostic fiable des déplacements sur le territoire et aussi pouvoir suivre en temps réel leur évolution. La réponse a donc été le Data Hub Observatoire de la Mobilité qui agrège des données publiques et privées pour avoir une photographie la plus complète possible des déplacements. Il permet par exemple de savoir combien de véhicules sortent et entrent chaque jour sur le territoire, combien y restent, et quel est le profil des conducteurs. L’outil permet aussi de mieux connaître la fréquentation des pistes cyclables ainsi que l’utilisation des trottinettes en libre-service (service que nous gérons avec notre partenaire TIER Mobility).

Au cœur de la plateforme, il y a l’hyperviseur d’Hexadone, qui agrège et traite les données. La société Entropy fournit quant à elle les algorithmes d’IA qui vont affiner les données (villes d’origine, catégories socio-professionnelles …) en exploitant encore d’autres bases de données.

L’IA sert aussi à faire du prédictif pour anticiper par exemple combien de véhicules vont rentrer sur le territoire chaque jour ou quelle sera l’utilisation des trottinettes. Le taux de précision de ces prédictions atteint les 90 % pour le véhicule et de 99 % pour les trottinettes. Le cas d’usage des trottinettes est déjà opérationnel et les prévisions de l’IA nous permettent d’anticiper combien de trottinettes doivent être déployées sur chaque station. D’autres cas d’usage, notamment sur les aménagements urbains et sur les infrastructures de transport, doivent être mis en place prochainement.

Quelles sont les sources d’inspiration pour ce projet ?

Nous nous sommes inspirés de territoires pionniers dans l’utilisation des données pour la smart city, notamment dans le domaine de la gestion de données intégrées et de gouvernance de la data. C’est le cas notamment de Rennes. Nos partenaires techniques nous ont également permis d’appréhender les possibilités offertes par les technologies telles que l’hypervision, l’IA et la collecte automatisée de données terrain, avec donc Hexadone, Renault et Entropy. Ces partenariats nous ont permis de concrétiser une vision centrée sur l’innovation durable et la maîtrise des données.

Quelles furent les phases préparatoires du projet ?

La préparation a comporté une phase d’étude des besoins de la collectivité, une analyse des technologies nécessaires et l’identification des partenaires. La planification et les consultations avec les parties prenantes locales et régionales ont quant à elles permis de structurer l’approche pour la collecte, le traitement et l’exploitation de la donnée.

Concernant les compétences, quels sont les principaux sujets à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Il est essentiel de maîtriser des compétences en gouvernance de la donnée (notamment sur la partie juridique), en sécurité des systèmes d’information, en intelligence artificielle, et en urbanisme numérique pour orienter les décisions stratégiques et opérationnelles. Nous avons par exemple formé nos agents à la culture de la donnée. Cette acculturation a porté plus particulièrement sur les équipes en charge de la mobilité et de la gestion de la voirie.

Comment la collectivité a-t-elle assuré le bon dimensionnement du projet ?

Un diagnostic approfondi a permis de dimensionner le Data Hub en fonction des données disponibles et des objectifs de gestion des mobilités et de transition écologique. Une planification rigoureuse nous a permis de calibrer les infrastructures et les capteurs nécessaires en fonction des usages.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet ?

Le projet est soutenu par des fonds de la Région Île-de-France et bénéficie également d’un financement européen sur trois ans, pour encourager le développement des infrastructures numériques de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Quels sont les acteurs qui ont accompagné ou coconstruit ce projet avec Saint-Quentin-en-Yvelines? Les citoyens ont-ils participé à la co-construction du projet ?

Les partenaires majeurs incluent Hexadone, Renault, et Entropy, qui apportent chacun une expertise spécifique en traitement de données, en solutions de mobilité, et en gouvernance de données souveraines. La participation citoyenne est envisagée dans des phases ultérieures pour adapter les usages du Data Hub aux besoins des usagers.