L’IA au service de la propreté : le pari réussi de la Ville de Metz (57) avec le projet ViPARE
Le Consortium ViPARE, composé de la Ville de Metz, du Laboratoire Eau et Environnement (LEE) de l’Université Gustave Eiffel de Nantes et de la société NAIA Science, a lancé l’application CoBRA (Compteur urBain par Reconnaissance Automatique), qui détecte et compte les déchets grâce à l’intelligence artificielle. Régis Gabriel, directeur du Pôle Propreté Urbaine pour la Ville de Metz, nous explique les rouages de ce projet innovant.









Régis Gabriel, Directeur du Pôle Propreté Urbaine à la Ville de Metz

Ce projet est présenté par :
Régis Gabriel, Directeur du Pôle Propreté Urbaine à la Ville de Metz
Parole de collectivité
Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets numériques, data et IA sur votre territoire, Numérique360 part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action
En quoi consiste concrètement votre projet d’optimisation de la propreté urbaine et quels en sont les principaux objectifs ?
Avec le projet ViPARE, nous souhaitons amorcer un changement dans la manière dont les collectivités abordent la question de la propreté urbaine. Nous sommes partis du constat que les critères de propreté étaient éminemment subjectifs c’est-à-dire propres à chaque collectivité. Par exemple, la Ville de Nantes n’a pas forcément la même définition de la propreté que la Ville de Metz ou que la Ville de Paris. Le but premier de cette action est d’élaborer des critères de propreté communs à toutes les collectivités grâce à la collecte de données fiables, localisées dans l’espace public. Concrètement, il s’agit de passer d’un relevé manuel – très chronophage et limité en termes de périmètre – à un dispositif automatisé fondé sur l’intelligence artificielle, capable de détecter, de caractériser et de géolocaliser les déchets dans l’espace urbain. L’objectif est double : améliorer le pilotage opérationnel du nettoiement et affiner la connaissance des dynamiques locales de production de déchets pour mieux cibler les actions, éviter le sur-nettoyage et adapter les messages de sensibilisation. Autant de leviers qu’offre cette solution technologique pour repenser la gestion de la propreté à l’échelle des collectivités. Pensé comme un outil d’aide à la décision, ViPARE ambitionne de rendre les politiques de propreté plus justes, plus efficaces et reproductibles dans d’autres collectivités.
Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?
Nous n’avons pas vraiment planifié le projet dans l’agenda municipal en amont. Je dirais plutôt que nous avons saisi une opportunité au bon moment, à l’occasion de l’appel à projets DIAT (Démonstrateurs d’IA frugale au service de la transition écologique des territoires) de France 2030, opéré par la Banque des Territoires. Une jeune entreprise du nom de NAIA Science a proposé à la Ville de Metz de collaborer sur la construction d’une solution innovante de détection des déchets grâce à l’intelligence artificielle. L’idée de créer un outil capable de produire des données objectives et exploitables par les services a immédiatement fait sens.
Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?
Le projet ViPARE s’ancre dans une pratique déjà en place à Metz depuis plusieurs années. En effet, nous menons des audits de propreté dans le cadre de l’Association des Villes pour la Propreté Urbaine (AVPU). Ce protocole, basé sur un relevé manuel et régulier des déchets, a permis à la collectivité de mieux comprendre les dynamiques locales de gestion des déchets tout en révélant les limites de ces actions, à la fois énergivores et chronophages.
À partir de ce constat, le besoin d’un outil plus agile, plus étendu et plus objectif s’est imposé à nous. Si certaines solutions technologiques existent déjà sur le marché, elles restent souvent inadaptées aux spécificités des cheminements urbains fins (trottoirs, zones piétonnes, abords d’écoles) que Metz souhaitait cibler. C’est donc en croisant l’expertise terrain avec les opportunités offertes par la technologie que l’idée de ViPARE a émergé comme un projet construit par et pour les usages.
Y a-t-il des compétences à maîtriser avant de se lancer dans un projet d’optimisation de la propreté urbaine grâce l’IA ?
Se lancer dans un projet comme ViPARE, c’est d’abord accepter d’élargir les compétences strictement internes à la collectivité. Le développement d’une application d’intelligence artificielle nécessite bien sûr des savoir-faire techniques pointus notamment en termes d’encodage et traitement de l’image mais aussi dans le développement mobile et l’ergonomie d’interface.
Par ailleurs, il a fallu apprendre à monter un consortium et à piloter un partenariat public-privé-académique avec tout ce que cela implique : aspects juridiques, financiers, coordination des acteurs et clarté des attentes métiers. Au-delà de la technique, il faut être capable de faire dialoguer des domaines variés tout en conciliant les innovations technologiques aux réalités du terrain. Cette hybridation des compétences, entre ingénierie logicielle, approche métier et intelligence collective, constitue sans aucun doute l’une des clés de réussite du projet.
Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?
Dès le départ, le bon dimensionnement du projet a été assuré par une approche pragmatique centrée sur l’usage, et non sur la démonstration technologique. En s’appuyant sur un consortium pluridisciplinaire composé de la collectivité, de NAIA Science et du Laboratoire Eau et Environnement, le projet a pu conserver une certaine agilité, à la croisée de différentes expertises. L’expertise métier a joué un rôle essentiel pour cadrer les ambitions, éviter les dérives techniques et concevoir une application réellement adaptée aux réalités du terrain. Nous avons pensé un phasage progressif en commençant par une version dédiée aux agents de terrain avant d’envisager une ouverture plus large. Nous ne voulions pas brûler les étapes.
Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?
Le financement du projet ViPARE repose entièrement sur les fonds obtenus dans le cadre de l’appel à projets DIAT de l’Etat dans le cadre du programme France2030, et opéré par la Banque des Territoires Avec un budget total de 1,2 million d’euros, le projet a pu se structurer autour de trois piliers, chacun bénéficiant d’un tiers de l’enveloppe : le développement de l’application assuré par NAIA Science, la recherche universitaire conduite par le Laboratoire Eau et Environnement, et la coordination métier pilotée par la Ville de Metz, collectivité cheffe de file et principale interlocutrice de la Banque des Territoires.
Comment avez-vous envisagé la participation citoyenne ?
Dans sa version actuelle, ViPARE n’intègre pas encore directement les citoyens dans le dispositif. Pour autant, la participation citoyenne fait clairement partie des perspectives envisagées à moyen terme. Le projet repose d’abord sur un premier profil d’usage dédié aux agents des collectivités mais l’idée d’une ouverture progressive vers un modèle de science participative est déjà inscrite dans la feuille de route. A terme, l’objectif serait de permettre à des usagers volontaires d’utiliser l’application pour contribuer eux aussi à la collecte de données avec un encadrement clair pour éviter les biais subjectifs.
Pour l’instant, la Ville de Metz a fait le choix de ne pas communiquer largement auprès du grand public tant que l’outil n’est pas finalisé. Nous préférons tester et fiabiliser le dispositif avant d’ouvrir ce nouveau volet.
Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation?
Nous sommes trois acteurs dans le consortium du projet : la Ville de Metz, collectivité cheffe de file, la société NAIA Science avec une expertise technologique et le Laboratoire Eau et Environnement de l’Université Gustave Eiffel de Nantes.
Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?
Le premier conseil que je donnerais serait de bien identifier des personnes ressources capables de porter le projet sur la durée. Ce type d’initiative nécessite du temps et un dialogue avec des acteurs variés : ingénieurs, chercheurs, agents de terrain, juristes.
Un autre point important : il ne s’agit pas de faire de l’intelligence artificielle pour suivre une tendance mais de répondre à un besoin métier concret.
Enfin, je dirais qu’il faut associer les agents opérationnels dès les premières étapes du projet. Leur implication garantit la pertinence des choix et facilite l’appropriation de l’outil.
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Le projet en détails
Dates clés
2023
2024
2025
2026 (prévisionnel)
Chiffres clés
5 000
31 000
1,2 M€
À retenir
Un projet d’actualité porté par l’intelligence artificielle, dans un domaine où on ne l’attend pas du tout : la propreté urbaine
On forme des partenariats aussi bien avec les collectivités (donc le public) qu’avec des entreprises (le privé)
Le montage du consortium a été assez long, il faut mobiliser beaucoup de services différents : finance, juridique, ressources humaines.
Ressources
Les partenaires de ce projet

Banque des Territoires

Laboratoire Eau et environnement
Les acteurs de la filière data / numérique / IA impliqués dans ce projet
Ville de Metz
Habitants
Données de contact
- Hôtel de Ville de Metz 1 place d'Armes - J. F. Blondel BP 21025 57036 Metz cedex 1
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