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Prévention des risques littoraux et gestion intelligente des ressources et des déchets à Lorient (56) : le projet CELTIC

Le projet CELTIC, porté par Lorient Agglomération, WATTECO et l’Université Bretagne Sud, poursuit 3 objectifs : déployer des systèmes de captation de données adaptés aux spécificités territoriales, améliorer la connaissance et la souveraineté des données, et les centraliser pour un pilotage optimisé des politiques publiques. Il vise également à rendre ces données accessibles aux usagers pour promouvoir des pratiques durables.

Entretien avec Jérémie GACHELIN

Parole de collectivité
Jérémie Gachelin, Responsable Innovation, Données et Usages - Lorient Agglomération - Crédit photo : Lorient Agglomération
Transition écologique et énergétique

Ce projet est porté par:

Jérémie GACHELIN, Responsable Innovation, Données et Usages – Lorient Agglomération

Il s'agit de privilégier la prédiction plutôt que la réparation
Jérémie GACHELIN

Parole de collectivité

Afin de vous permettre de mieux appréhender la mise en place des projets numériques, data et IA sur votre territoire, Numérique360 part à la rencontre d’élus et de porteurs de projets qui sont passés à l’action

En quoi consiste concrètement votre projet et quels en sont les principaux objectifs ?

Le projet CELTIC couvre trois volets complémentaires pour Lorient Agglomération.

Le premier volet, concernant la compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations), se concentre sur la prévention des risques littoraux en développant des capteurs innovants qui permettront de mieux comprendre le fonctionnement du littoral et, à terme, de créer un jumeau numérique des zones littorales. L’objectif est de passer d’une gestion réactive à une approche prédictive des risques de submersion sur les 120 km de côtes de l’agglomération.

Le deuxième volet concerne la gestion des ressources, avec l’installation de têtes de lecture sur les compteurs d’eau et la récupération des consommations de fluides (gaz, électricité) des équipements publics. Ce système permet de créer des tableaux de bord pour les communes et les associations utilisatrices, avec un objectif de sensibilisation et de challenge entre usagers.

Le troisième volet porte sur la gestion intelligente des déchets, avec le puçage des bacs de collecte ménagère et l’installation de capteurs sur les colonnes à verre, afin d’optimiser les tournées de collecte et d’informer les usagers via une application mobile.

Comment le sujet s’est-il imposé à l’agenda de votre collectivité ?

Le projet CELTIC s’inscrit dans une démarche de long terme initiée par le schéma territorial numérique (voté en 2019), élaboré en concertation avec les habitants, les associations et les entreprises pour organiser le déploiement du numérique à l’échelle de l’agglomération. Cette démarche s’est renforcée avec le projet de territoire développé par les élus actuels, couvrant tous les domaines d’action de la collectivité.

Pour la partie GEMAPI, le constat était double. D’une part, l’Université Bretagne Sud travaillait depuis 2008 sur le suivi du trait de côte avec des campagnes de mesures espacées (au mieux mensuelles, au pire annuelles) sans suivi continu, créant des lacunes dans la compréhension des phénomènes. D’autre part, l’agglomération était confrontée à des alertes généralisées lors d’événements météorologiques, mettant en vigilance l’ensemble des 120 km de côtes, alors que seules certaines zones étaient réellement menacées.

L’opportunité de financement dans le cadre de l’appel à projets « Territoires intelligents et durables » France 2030 a joué un rôle d’accélérateur, permettant de concrétiser plus rapidement cette politique de territoire intelligent en levant le frein financier qui existait pour le déploiement de l’infrastructure et la création des cas d’usage.

Quelles sont les sources d’inspiration que vous avez suivies pour vous faire une idée de ce projet ?

Pour la partie gestion des déchets, l’agglomération s’est largement inspirée de Rennes Métropole, qui avait déjà mis en place le suivi du remplissage des colonnes et l’optimisation des tournées de collecte. Des échanges nourris ont eu lieu avec cette collectivité pour bénéficier de leur retour d’expérience.

Pour la partie ressources, l’inspiration vient d’un projet antérieur mené sur l’agglomération appelé Solène (Solidarité, Énergie, Innovation), qui était centré sur la limitation des consommations électriques. Cette expérience a été étendue conceptuellement à la gestion de l’eau dans le cadre de CELTIC.

Concernant la partie GEMAPI, l’originalité du projet réside dans le fait qu’il n’existait pas de référence directe. L’Université Bretagne Sud et Watteco ont conduit une veille technologique approfondie, analysant les solutions existantes en France et dans le monde. Plusieurs approches ont été identifiées, mais elles n’étaient pas transposables, soit pour des raisons d’acceptabilité (trop visibles en zone touristique), soit pour des contraintes budgétaires à grande échelle.

Y a-t-il des compétences ou sujets spécifiques à maîtriser avant de se lancer dans ce projet ?

Il est fortement recommandé d’avoir déjà « mis le doigt » dans ce type de technologies avant de se lancer dans un projet d’envergure comme CELTIC. Lorient Agglomération avait déjà acquis une première expérience avec les déchetteries connectées, qui avait permis de déployer les premières antennes LoRa, les premiers capteurs et tableaux de bord.

Cette expérience préalable a été cruciale pour maîtriser les aspects techniques : communication LoRa, positionnement des antennes, infrastructure réseau, et surtout la partie plateforme de données.

La collectivité n’est cependant pas autonome sur tous ces aspects. C’est pourquoi nous nous appuyons sur des prestataires spécialisés comme Sogetrel pour le déploiement réseau et HexaDone pour les tableaux de bord.

Le partenariat avec l’Université apporte la connaissance scientifique du milieu littoral, essentielle pour l’étalonnage des capteurs et la validation des technologies choisies. L’université aide également à définir les pas de temps optimaux pour les capteurs LoRa, balance entre pertinence des données et durée de vie du matériel.

Pouvez-vous nous décrire les phases préparatoires du projet ?

Le projet CELTIC n’a pas fait l’objet d’une enquête publique formelle, mais Lorient Agglomération a mené une analyse de faisabilité approfondie structurée en plusieurs volets.

Pour le volet GEMAPI, l’agglomération s’est appuyée sur l’expertise de l’Université de Bretagne Sud et son réseau de laboratoires français et internationaux spécialisés dans le domaine littoral. Cette collaboration a permis d’obtenir une vision exhaustive des technologies existantes à l’échelle mondiale. L’analyse a révélé que plusieurs solutions n’étaient pas transposables au contexte lorientais.

Pour les volets ressources et déchets, la démarche s’est concentrée sur l’assemblage d’outils déjà disponibles sur le marché. L’agglomération a capitalisé sur ses expérimentations préalables, notamment les déchetteries connectées et le système d’information des usagers sur leur fréquentation déjà opérationnel.

Cette approche pragmatique a permis de valider la faisabilité technique et économique du projet en s’appuyant sur des technologies éprouvées tout en innovant sur le volet littoral spécifique au territoire.

Comment avez-vous assuré le bon dimensionnement du projet ?

La stratégie de dimensionnement repose sur une approche progressive et expérimentale. Pour la partie GEMAPI, l’agglomération a travaillé étroitement avec Watteco pour définir les coûts des différents capteurs en fonction des technologies pressenties, permettant d’établir un budget réaliste pour ce volet innovant.

Pour les deux autres volets (déchets et ressources), une logique de limitation volontaire a été appliquée. Sur les déchets, seules les colonnes à verre ont été équipées initialement, alors que l’agglomération dispose aussi de colonnes à papier et textiles. L’objectif était d’expérimenter sur un aspect reproductible plutôt que de déployer massivement.

Pour la partie ressources, le choix s’est porté sur deux communes test : une grande commune (Lorient) et une petite (Quéven), permettant de tester deux besoins différents et de valider l’adaptabilité de la solution.

Cette approche est en accord avec la philosophie globale l’appel à projet qui est de mettre en place des démonstrateurs réellement opérationnels et reproductibles ensuite, et non pas de financer intégralement les politiques numériques des lauréats.

Un élément stratégique a été la prise en compte des contraintes budgétaires nationales. L’agglomération, étant dans la deuxième vague d’appels à projets TID, avait analysé les montants alloués précédemment pour dimensionner sa demande en conséquence.

Comment la collectivité a-t-elle financé ce projet et quelles ont été les aides sollicitées/obtenues ?

Le consortium Lorient Agglomération, Watteco et l’UBS, qui porte le projet CELTIC, est l’un des 8 lauréats de l’appel à projets national « Territoires intelligents et durables », dans le cadre du programme France 2030, et opéré par la Banque des Territoires.

Les financements obtenus proviennent de la Banque des Territoires à hauteur de 2 857 575 € , Lorient Agglomération pour 2 066 493 €, Watteco pour 441 412 € et Université pour 349 670 €, pour un budget total du projet d’environ 5 200 000 €.

Quels sont les autres acteurs qui vous ont accompagnés dans la préparation et la réalisation de ce projet ?

Les partenaires du consortium  sont : Watteco, pour le développement des capteurs IoT (ancienne filiale de NKE Marine Electronics), l’Université de Bretagne Sud – (laboratoire Geo-Ocean) pour l’expertise scientifique et recherche pour le cas d’usage GEMAPI ainsi que le laboratoire LEGO (Laboratoire d’Economie et de Gestion de l’Ouest) pour l’expertise scientifique et recherche pour le cas d’usage sur les déchets.

Les prestataires techniques sont Sogetrel pour le déploiement des objets connectés et passerelles LoRa et HexaDone pour la plateforme de données et tableaux de bord.

L’accompagnement méthodologique a été apporté par un cabinet AMO pour l’aide à la réponse à l’appel à projets (fortement recommandé) ainsi que pour la gestion administrative et la coordination du consortium (fortement recommandé dans le cas d’un consortium).

Quels conseils donneriez-vous à un élu qui souhaiterait se lancer dans un projet similaire ?

La démarche recommandée consiste à partir systématiquement d’un besoin identifié, analyser ce besoin, rechercher les solutions techniques appropriées, évaluer les coûts de déploiement à grande échelle, puis poser tous ces éléments dans la balance décisionnelle. L’exemple type à éviter est d’équiper un bâtiment avec cinquante capteurs sans se demander si cette approche sera financièrement viable sur l’ensemble du patrimoine. Cette approche centrée sur les usages évite les dérives budgétaires fréquentes dans ce type de projet.

Il est également essentiel de s’entourer des bonnes compétences, soit en interne soit via des prestataires qualifiés. Pour les collectivités de taille intermédiaire, le recours à un AMO pour la réponse aux appels à projets est vivement conseillé, de même qu’un accompagnement pour la gestion de projet, particulièrement en mode consortium.

Enfin, il faut anticiper les aspects administratifs souvent sous-estimés : autorisations diverses, marchés publics, coordination entre multiples acteurs. Ces aspects peuvent considérablement ralentir le projet s’ils ne sont pas anticipés dès la phase de conception.

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Banque des territoires - Groupe Caisse des dépôts

Le projet en détails

Dates clés

Juin 2023

Notification du statut de lauréat de l'appel à projets

Fin 2024

Sortie du premier prototype de capteur de hauteur d'eau

Mars 2025

Installation et test du capteur d'ensablement à l'Anse du Stole à Ploemeur

Septembre 2025

Arrivée prévue d'un alternant pour renforcer l'équipe technique

Chiffres clés

120

km de côtes de Lorient Agglomération

200 000

Habitants de l'agglomération, dont une partie significative exposée aux risques côtiers

2 857 575

euros, c'est le montant total de la subvention reçue

À retenir

La collaboration tire les équipes de toutes les structures participantes vers le haut et favorise l'innovation par le croisement des expertises métier, technologique et scientifique.

La partie GEMAPI, particulièrement innovante, génère un rayonnement important pour l'agglomération avec de nombreuses présentations et échanges, positionnant le territoire comme précurseur

Les aspects réglementaires et administratifs se révèlent plus complexes et chronophages qu'anticipé

Ressources

Projet TID Celtic

Communiqué de presse

Les partenaires de ce projet

Geo-Ocean-logo

Université Bretagne Sud, laboratoire Geo-Ocean

Laboratoire-Lego-logo

Université Bretagne Sud, laboratoire LEGO (Laboratoire d'Economie et de Gestion de l'Ouest)

BANQUE_TERRITOIRES_LOGO_ENDOS_BM_HORIZONTAL_POS_CMJN

Banque des Territoires

Les acteurs de la filière data / numérique / IA impliqués dans ce projet

Lorient Agglomération

communes

25

nb d'habitants

207 000

Données de contact

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