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Flavien Lopez : Comment et avec quelles données peut-on planifier des pistes cyclables ?

Cet article a été rédigé par Jéromine Doux

Crédits photos : Flavien Lopez

Le déploiement d’itinéraires cyclables s’appuie sur un certain nombre de données. Pour planifier au mieux leur collecte, les collectivités ont besoin de s’appuyer notamment sur des informations relatives à la voirie, au trafic motorisé et cyclable, mais également sur les habitudes des usagers et sur leurs retours d’expérience. Explications du Cerema, étape par étape.

Entretien avec Flavien Lopez, Chef de projets aménagement cyclables et espace public au sein du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema).

Comment définir une stratégie cyclable adaptée aux enjeux territoriaux ?

Afin de planifier au mieux la création de voies cyclables sur un territoire, l’outil stratégique de référence est le schéma directeur des aménagements cyclables. Sa mise en place conduit notamment à réaliser un diagnostic des aménagements existants, à partager des objectifs pour adapter l’infrastructure cyclable aux enjeux du territoire, et à proposer un maillage cyclable cohérent avec ces objectifs.

Les aménagements cyclables qui seront retenus dépendront de critères tels que la fréquentation des axes ciblés, le nombre de véhicules motorisés, le trafic cycliste souhaité, etc.

Pour mettre en œuvre le schéma directeur des aménagements cyclables, il est également nécessaire de mettre en place un comité de pilotage, qui validera les orientations pour bien couvrir le territoire.

Ces projets ont une dimension politique et stratégique. Dans ce contexte, la mise au point d’une politique cyclable adaptée peut prendre un peu de temps. L’objectif pour les collectivités est que la part modale des déplacements à vélo augmente au détriment de celle de la voiture. Pour atteindre ce but, la collectivité peut se fixer des objectifs chiffrés.

A titre d’exemple, la métropole de Lyon a engagé un travail significatif pour aménager un réseau cyclable nommé Les Voies Lyonnaises. D’ici 2030, son objectif est de mailler ses 49 communes, via 13 lignes cyclables sécurisées sur 350 kilomètres.

Comment les données territoriales peuvent-elles guider le développement des infrastructures cyclables ?

Pour analyser l’existant et prendre les bonnes décisions, il convient de s’appuyer sur un certain nombre de données. L’idée est de disposer d’une vision détaillée de son territoire, y compris de ses axes cyclables, mais également de la nature des trafics sur l’ensemble des axes. Les collectivités ont en effet besoin de mieux comprendre la pratique du vélo sur leur territoire, afin de l’encourager et de contribuer à l’amélioration des infrastructures cyclables. Les données utiles sont produites par les collectivités elles-mêmes ou alimentées par les usagers. Elles portent sur les infrastructures, les usages, etc.

Parmi les données indispensables, on note les aménagements et infrastructures existantes, mais également les espaces disponibles pour adapter ces aménagements. Ces éléments permettent de se projeter sur la faisabilité de certaines liaisons pour effectuer les trajets à vélo. La collecte de ces données s’initie généralement par l’utilisation de systèmes d’information géographiques (SIG), puis se poursuit au cours d’une nécessaire analyse complémentaire sur le terrain.

En matière de connaissance des usages, les collectivités devront nécessairement s’appuyer sur des données de comptage du trafic. Elles permettront de connaître le nombre de véhicules ou de vélos (voire de piétons) à différents moments de la journée, sur des axes donnés.

Plusieurs technologies de comptage permettent cela. Certaines se basent sur l’analyse d’images issues de caméras de vidéoprotection. Elles permettent de compter et de classifier les véhicules et piétons qui passent devant elles.

D’autres outils font appel à des capteurs multiservices à basse résolution d’image, qui permettent aussi de compter et de classifier par extrapolation logicielle, sans risque pour les données personnelles. Enfin, les dispositifs de comptage classiquement utilisés sur voirie (tubes pneumatiques ou boucles à induction par exemple) peuvent également être déployés sur les pistes cyclables. Il existe des modèles spécifiques pour les vélos, plus sensibles que ceux utilisés pour les véhicules plus lourds.

Ces données de trafic permettent de déduire la place nécessaire pour les voies cyclables en fonction de la largeur de la chaussée, et permettent de les sécuriser au regard du trafic des véhicules motorisés. Cette analyse de l’état initial permet de savoir ce qui est possible de faire, avant de se projeter sur l’intérêt de certaines liaisons pour effectuer les trajets à vélo.

En complément, la collectivité peut s’appuyer sur des données liées aux déplacements et à la mobilité des citoyens, afin d’évaluer le potentiel de report modal de la voiture vers le vélo, grâce à des aménagements cyclables qui seraient optimisés.

Grâce aux données collectées sur leurs territoires, les collectivités peuvent donc définir les itinéraires les plus adaptés, et utiliser différents types d’aménagements, tels que des bandes cyclables ou des pistes cyclables. Elles peuvent également envisager de mélanger vélos et voitures sur une portion, ou bien vélos et piétons, si les conditions sont réunies pour un partage apaisé des voies concernées. Les outils de collecte des données permettent également, une fois les aménagements réalisés, de voir si la pratique augmente.

Quels acteurs sont à même d’aider à la mise en œuvre des expertises évoquées ?

Pour connaître la nature des déplacements des usagers, des enquêtes de mobilité, certifiées par le Cerema, sont fréquemment mises en œuvre par les collectivités. Elles permettent d’adapter les stratégies territoriales aux déplacements des résidents.

La mise en place d’enquêtes de mobilité permet notamment d’analyser les modes de déplacement pour les trajets domicile-travail, de connaître les distances réalisées, le nombre d’usagers et le type de transport. Cela permet aussi d’estimer le potentiel du vélo sur un territoire. L’idée est également d’identifier les pôles générateurs de déplacements, de localiser les tronçons permettant de relier une zone résidentielle à une zone d’emploi, par exemple, afin d’y placer judicieusement des axes cyclables.

De plus, plusieurs dispositifs, animés par différents acteurs du système vélo, permettent d’agréger et de mettre à disposition des données utiles à la planification des aménagements cyclables :

  • Concernant les trafics motorisés, le Cerema met à disposition des données ouvertes et qualifiées par le biais de la plateforme AVATAR (Analyse et Visualisation Automatique de données de TrAfic). Cet outil permet aux gestionnaires routiers de partager leurs données.
  • L’association Vélo & Territoires anime quant à elle la Plateforme Nationale des fréquentations, un outil qui permet de mutualiser, d’agréger et de communiquer sur des données de comptage vélo au niveau national.
  • Le Club des Villes et Territoires Cyclables et Marchables met à disposition la plateforme « Comment ça roule ? » qui fournit des indicateurs de circulation des vélos, agrégés grâce aux trajets renseignés par les utilisateurs de l’application Geovelo.
  • La Fédération des Usagers de la Bicyclette contribue de son côté à la remontée d’informations de la part des usagers. Ce dispositif d’enquête permet en effet d’identifier les lieux les plus pénalisants pour la pratique cyclable. D’autres outils, comme Open Cycle Map permettent d’identifier les itinéraires à vélo.

 

Aussi, de nouveaux outils basés sur l’intelligence artificielle s’avéreront probablement utiles en analysant de vastes quantités de données pour proposer des implantations optimisées pour les itinéraires cyclables.

Quels dispositifs financiers existent pour soutenir les infrastructures cyclables ?

Dans le cadre du Plan Vélo-Marche, le gouvernement a annoncé (en mai 2023) un investissement de 2 milliards d’euros jusqu’à 2027, notamment pour soutenir, accélérer et amplifier les projets de création d’itinéraires cyclables.

Cet investissement se traduit notamment par l’alimentation du Fonds Mobilités Actives dans le cadre de différents appels à projets lancés au profit des collectivités qui mettent en œuvre des aménagements cyclables, en particulier :

  • Les appels à projets « Continuités Cyclables » qui ont vocation à financer les résorptions de discontinuités pour créer des itinéraires continus, notamment quand deux portions d’un même itinéraire sont coupées par de grandes infrastructures de transports ;
  • Les appels à programme « Territoires Cyclables » qui visent à accélérer la réalisation d’itinéraires structurants dans des territoires peu ou moyennement denses, à raison d’au moins un territoire par région.

 

En matière de planification, il faut également noter que les programmes AVELO portés par l’Ademe soutiennent la mise en œuvre de schémas directeurs des aménagements cyclables, en particulier dans les territoires peu denses. Si près de 400 territoires lauréats ont été accompagnés par les programmes AVELO 1 et 2, la dynamique se poursuit puisque le programme AVELO 3 lancé en septembre 2023 vise à accompagner 350 territoires lauréats.

Plusieurs Régions et Départements disposent également de leurs propres dispositifs d’aides pour le développement des infrastructures cyclables. Les conseils régionaux financent notamment les projets de « véloroutes » ou les aménagements cyclables d’intérêt européen, national ou régional. De leur côté, les conseils départementaux investissent dans les projets vélo dans le cadre d’actions de protection de l’environnement, du développement des sports de nature etc. Sur son site web, Vélo et Territoires réalise un suivi des différents dispositifs de financements existants en France et en Europe.

Pour aller plus loin sur les pistes cyclables

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